Aujourd’hui, une femme sur trois est, a été, ou sera victime de violences. Un constat alarmant d’où est née l’association Vivo, qui propose un parcours d’accompagnement médical, thérapeutique, juridique et social à destination des personnes touchées par ces violences.
Alors qu’approche le 25 novembre, journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, LDLC ASVEL Féminin est heureuse de figurer parmi les partenaires de l’association et de mettre à l’honneur Morgane Mandaroux, directrice de Vivo, ainsi que son équipe, à l’occasion de la réception de Gorzow, mercredi 27 novembre.
Pour commencer, peux-tu te présenter ?
« J’ai 32 ans, je suis sage-femme depuis dix ans environ et j’ai été basketteuse de nombreuses années. J’ai toujours voulu faire ce métier pour la question des violences et effectivement l’idée du projet Vivo est né de ma rencontre avec certains patients, mais aussi de soignants. Nous avons monté l’association avec Rajaa Elmanaa qui a eu plusieurs parcours dans sa vie, notamment d’assistante médicale et d’agent de SAMU et qui aujourd’hui a suivi un Master en gestion de projet et qui a travaillé sur le stress post-traumatique. Rajaa a rejoint notre équipe puisqu’elle avait une idée d’association similaire. L’autre pilier, c’est Marine De Haas qui est là depuis un moment et qui notre infirmière de coordination. C’est donc elle qui reçoit les patients. »
Peux-tu nous en dire plus sur l’association, ses objectifs ?
« L’association est née des patients victimes qui nous disaient qu’ils étaient pris en charge par les acteurs du juridique et du social, mais qu’ils n’avaient personne vers qui se tourner, s’orienter pour traiter leurs symptômes. Donc l’idée était de créer une association qui prendrait en charge les traumatismes et donc les symptômes des personnes qui ont vécu des violences. Administrativement parlant, l’association Vivo est née le 18 février 2021. On est donc une jeune structure, qui coordonne le parcours du patient qui va être suivi de A à Z grâce à l’accompagnement de l’infirmière de coordination. »
Qui compose l’association aujourd’hui ?
« 45 personnes gravitent aujourd’hui autour de Vivo. C’est un regroupement de praticiens libéraux, puisqu’aujourd’hui, pour prendre en charge un personne victime de violences, il faut des psychologues, hypnothérapeutes, sage-femmes, médecins ou encore des psychiatres. Donc forcément, on a recruté tous ces métiers en libéral pour être présent à chaque étape. »
Quelles violences prenez-vous en charge ?
« Vivo ne s’arrête pas à la prise en charge des femmes. Nous prenons en charge toutes les victimes. C’est un peu notre innovation. Alors bien sûr, on est là pour lutter contre les violences faites aux femmes. C’est une évidence jusqu’au bout des doigts. Mais si on veut vraiment lutter efficacement contre toutes les violences faites aux femmes, ne faut-il pas éduquer les hommes également ? Donc effectivement, des hommes qui ont vécu des violences peuvent potentiellement devenir des auteurs, tout comme les femmes. Et donc de fait, on reçoit au sein de l’association des hommes, des femmes et des enfants qui ont subi tous types de violence. Nous traitons les traumatismes des violences : du harcèlement, des violences sexuelles, de la violence conjugale
On parle aujourd’hui encore de chiffres qui font froid dans le dos…
« Aujourd’hui, une femme sur trois vivrait une forme de violence, en a vécu ou va en vivre dans le monde et en France. Aujourd’hui, un enfant sur cinq est victime d’inceste et un homme sur dix est également victime de violences ou le sera. Ce sont des chiffres signifiants et notre objectif est de les faire connaître. On a tous une amie, une collègue, un voisin, une coéquipière touchée par une forme de violence Il n’y a pas forcément de symptômes et des conséquences. Ce n’est pas une maladie, mais elle touche plus de monde que l’hypertension ou le diabète. »
Vous êtes à 180 personnes suivies par an, que vous manque-t-il pour pouvoir accueillir plus de patients ?
« Aujourd’hui, pour accompagner plus de monde, il nous faut plus de financement. Sauf que pour l’instant, nous avons peu « réseauté » et nous ne sommes politiquement pas dans les réseaux pour nous permettre de bien construire et pour recevoir plus de personnes victimes. A l’heure actuelle, nous fonctionnons grâce aux mécénats privés et ne nous ne nous sommes pas encore tournés vers les structures publiques. Nous avons besoin d’entreprises qui s’engagent et qui donnent parce qu’elles ont compris que tout acteur sociétal peut apporter du changement. »
Comment se sont noués les liens avec LDLC ASVEL Féminin ?
« Nous nous sommes rencontrés sur les lieux où Vivo est hébergé avec Marie-Sophie Obama et Paoline Salagnac. On a tout de suite bien accroché sur la thématique des femmes. On a alors envoyé des patientes suivies chez nous vers les Pass Capitaine de ta vie. On a pu envoyer près de quinze femmes vers les Pass la première année, un peu moins cette année car beaucoup étaient en début de parcours. On a aussi un projet de création d’un atelier sportif puisque beaucoup des personnes victimes ont une colère en elles qui est assez dévastatrice et pour qui le sport pourrait être un bon moyen d’évacuer cette colère. »
Quels ont été les retours des femmes qui ont pu suivre les Pass capitaine de ta vie ?
« C’est un suivi qui est très individualisé et cela correspond parfaitement à nos valeurs puisque nos parcours sont également extrêmement personnalisés. Nous n’avons eu que de bons retours de la part des patientes suivies. C’est beaucoup de positivisme ! »
Le 3919, Violences Femmes Info
La ligne d’écoute 3919 pour les femmes victimes de violences, est joignable 24 h/24 et 7 jours sur 7, y compris par les personnes sourdes ou ayant des troubles du langage. Il s’agit d’un numéro d’écoute national destiné :
- aux femmes victimes de violences
- leur entourage
- aux professionnels concernés